Au registre médian, à la gauche de Saint Paul, sont représentés les Pères de l’Eglise d’Orient devant Saint Sophie de Constantinople, dont on peut noter la ressemblance avec notre église.

Ils sont, comme les Pères de l’Eglise d’Occident (voir la présentation précédente) figés dans des poses hiératiques avec des détails les caractérisant.

De gauche à droite, en partant de Saint Paul, vous trouvez :

 

Saint Athanase (290-373)

Il est une figure majeure du christianisme antique. L’Église copte orthodoxe l’appelle

l’« Apostolique », le « Phare de l’Orient » et la « Colonne de la foi ».

Il fait partie des Docteurs de l’Eglise catholique et fut le principal adversaire et l’acteur de la défaite de l’arianisme, une hérésie qui niait la divinité du Christ.

Petit de taille, prodigieusement intelligent, nourri de culture grecque, il n’était encore que diacre lorsqu’il accompagna l’évêque d’Alexandrie au concile de Nicée en 325. Il y contribua à la condamnation de son compatriote Arius et à la formulation des dogmes de l’Incarnation et de la Sainte Trinité. Devenu lui-même évêque d’Alexandrie en 328, il fut, dès lors, en butte à la persécution des ariens soutenus par les empereurs et obligé à de nombreux exils (Dix-sept ans en tout sur les quarante-cinq années de son épiscopat).

Son charisme, sa ténacité, son caractère impérieux, parfois irascible, que Maurice Denis a bien rendu dans ce portrait, lui aliénèrent beaucoup de gens, mais aussi lui acquirent des soutiens indéfectibles aussi bien parmi les populations qu’auprès de ses pairs.

Dans ses écrits, Athanase cherche à convaincre en se plaçant dans la perspective du salut : « l’homme ne serait pas sauvé si le Christ n’était pas pleinement Dieu ».

 

 

Saint Basile le Grand (appelé aussi Basile de Césarée) (329-379)

Basile de Césarée est né en Cappadoce dans une famille de dix enfants qui deviendront presque tous des saints.

Il rencontre Grégoire de Nazianze (son voisin sur la fresque) à Athènes, lors de leurs études, et ils se lient d’une grande amitié. La même foi et le même désir de perfection animent les deux étudiants.

De retour en Cappadoce, ils font des projets monastiques, mais l’Eglise a besoin d’évêques dynamiques en cette période troublée par les hérésies. Basile devient évêque de Césarée (Maurice Denis le représente portant la coule et non pas la mitre). La forte personnalité de Basile en fait un évêque de premier plan qui défend la foi trinitaire.

Il est appelé Grand pour sa doctrine et sa sagesse, enseigna aux moines la méditation des Écritures, le labeur de l’obéissance et la charité fraternelle. Il organisa leur vie par des règles qu’il avait lui-même rédigées et qui sont encore en vigueur dans les monastères « basiliens ». Par ses écrits, il instruisit les fidèles et se distingua par son souci pastoral des pauvres et des malades.

 

 

Saint Grégoire de Nazianze (329-390)

Comme Basile de Césarée, Saint Grégoire est né en Cappadoce mais dans le foyer d’un juif converti qui deviendra évêque.

Après ses études à Athènes il devient évêque de Nazianze, le siège épiscopal de son père, puis de Constantinople. Il est plus fragile que Basile et, chassé de Constantinople, il finira solitaire, composant d’admirables poèmes que la liturgie utilise encore.

Il fut successivement évêque de Sasimes, de Constantinople et de Naziance et défendit avec beaucoup d’ardeur la divinité du Verbe, ce qui lui valut d’être appelé le Théologien.

Maurice Denis l’a représenté portant un bâton doctoral avec des serpents qui est un attribut épiscopal byzantin.

 

 

Saint Cyrille d’Alexandrie (376-444)

Patriarche d’Alexandrie en Égypte, comme l’avait été son oncle Théophile, il fut un écrivain fécond (Maurice Denis le représente avec un livre à la main) et un grand pourfendeur d’hérésies.  Il fut l’âme du concile d’Éphèse en 431 où fut condamné Nestorius, le patriarche de Constantinople, pour qui le Verbe de Dieu avait habité dans la chair « comme dans une tente » et n’était pas homme véritablement. C’est ce concile qui proclama la bienheureuse Vierge Marie, « Mère de Dieu » ou « Theotokos ».

« Je trouve très surprenant qu’il y ait des gens pour se demander vraiment si la Sainte Vierge doit être appelée Mère de Dieu. Car si notre Seigneur Jésus est Dieu, comment la Vierge qui l’a porté et mis au monde ne serait-elle pas la Mère de Dieu ? Telle est la foi que nous ont transmise les Saints Apôtres, même s’ils n’ont pas employé cette expression. »

Saint Cyrille – Lettre aux moines d’Égypte en 431

Vénéré comme saint aussi bien en Orient qu’en Occident, saint Cyrille fut proclamé docteur de l’Église en 1882 par le Pape Léon XIII.

 

 

Saint Jean Chrysostome (344 ?-407)

Son surnom ‘Chrysostome’ veut dire ‘bouche d’or’ en raison de son éloquence. D’ailleurs Maurice Denis l’a représenté le bras levé dans une posture d’orateur.

Il soutint la foi catholique même contre la pression du pouvoir impérial. Ce qui lui valut d’être destitué de son siège patriarcal de Constantinople et d’être exilé sur les bords de la mer Noire, aux confins du Caucase, à Soukhoumi en Abkhazie géorgienne.

Il fut un des précurseurs de la doctrine sociale chrétienne, montrant l’exemple par l’austérité de sa résidence et par la création d’institutions caritatives. Il voulait faire comprendre que la charité ne suffit pas, qu’aider les pauvres individuellement ne suffit pas, mais qu’il faut créer un nouveau modèle social fondé sur le message évangélique.

Il avait aussi une attention particulière à la femme, au mariage et à la famille et invitait les fidèles à prendre leur part à la vie liturgique.

 

 

Saint Grégoire de Nysse (331-394)

Il est le frère de Saint Basile le grand.

L’Église accueille dans ses martyrologes sa grand-mère, ses deux parents et cinq de ses frères et sœurs. Pourtant, il ne commençait pas dans cette voie. C’est un intellectuel passionné de rhétorique qui enseigne la philosophie. Il vit un mariage heureux. Mais, devenu veuf très rapidement, il se fit moine et son frère, saint Basile de Césarée, le consacre, contre son gré, évêque de Nysse, une petite bourgade rurale de Cappadoce. Il se heurte à l’empereur qui soutient l’arianisme et qui l’exile. Il reviendra dans son diocèse à la mort de Valens et se fait le champion de la foi en la Trinité. Il sera l’un des principaux artisans de la victoire de l’orthodoxie au concile de Constantinople en 381. Saint Grégoire de Nysse est sans aucun doute l’un des plus grands théologiens spéculatifs, d’une ouverture d’esprit rarement égalée. Ce maître de la théologie contemplative par ses grands traités spirituels, est en même temps un pasteur et un catéchète soucieux de se faire comprendre par tous.

 

 

Olivier